War
Indian comiqueDes choses gentilles à dire sur ce film
Quand le meilleur des meilleurs agents indiens pète une pile et se met à décaniller des huiles, quoi de mieux que de lancer à ses trousses son meilleur élève, celui qui le connaît le mieux et qui a au moins une aussi belle gueule que lui pour le coincer. War c’est l’affrontement au sommet entre le major Kabir Dhaliwal (Hrithik Roshan), jadis rempart de l’Inde contre la vermine islamiste, et le capitaine Khalid Rahman (Tiger Shroff), fils de traître autant motivé par la réhabilitation de son nom de famille que par la quête de réponses... Eh oui que t’est-il arrivé major Dhaliwal, toi qui était le meilleur d’entre nous ?
Rassurez-vous, pour la création de War, Siddharth Anand ne s’est pas tant penché sur les œuvres complètes de William Shakespeare ou de Pierre Corneille que sur l’intégralité des filmographies de Roland Emmerich, Michael Bay, John Woo, tout Mission impossible et tout Jason Bourne... ainsi qu’un paquet de spots de campagnes et autres séries dédiées à la gloire du premier ministre Narendra Modī (lequel a d’ailleurs son ersatz qui remet une médaille à la mère du capitaine Rahman). Il s’est même enfilé tout ça sans prendre de pauses, ni pour dormir, ni pour aller pisser, et s’est mis, encore tout tremblant, à tout régurgiter, à peine le générique du dernier film de sa programmation terminé, penché sur son clavier tel un Luc Besson du début des années 2000. Exagéré ? Au vu du résultat final, c’est pas si sûr.
War, c’est un de ces bons divertissements couillus, bas du front et patriotiques qui fleurissent ces dernières années en Chine, en Russie et en Inde. Si, avant tout, le spectacle y est roi, Siddharth Anand faisant sauter Tiger Shroff partout l’arme à la main et l’amenant à glisser sur le dos sur des distances anormalement longues et des surfaces extrêmement rugueuses pour flinguer avec style, on n’en oublie pas pour autant les bonnes vieilles valeurs et la beauté simple du drapeau national caressé par le vent. Trafiquants de drogue, sachez que, comme John Hatcher en son temps, le capitaine Khalid Rahman veille au grain et dispense une justice expéditive dès lors que la jeunesse est menacée par le fléau de la toxicomanie. Amis musulmans, sachez que les mafieux ne sont qu’un encas, vous êtes les prochains.
Le premier intérêt de War se trouve donc dans cet héritage du cinéma US over the top des années 1980-1990 (même si de beaux titres sortent encore régulièrement de ce côté de la planète), c’est rythmé, ça pète de partout, les tonneaux et les tables en bois sont pare-balles, c’est con, c’est con, mais c’est jamais chiant, c’est jamais lassant, c’est jamais blasé. Techniquement le scénariste/réalisateur Siddharth Anand s’est muni de tout l’arsenal à disposition : narration au flashback pour étoffer ses personnages petit à petit, méchant beaucoup trop retors pour la crédibilité du scénario, coups de théâtre bien bien gratinés, recours au plan séquence pour certaines bastonades, travelings circulaires typiquement bayesques, bande son typiquement Zimmer-like (sauf dans quelques séquences émotion ou ça peut virer à la musique de film d’entreprise)... Siddharth Anand maîtrise ses outils et surtout ne fait jamais de refus d’obstacle quand il s’agit de trop en faire.
Pour ce qui est du nationalisme, Siddharth Anand appuie fort. Inutile de faire un dessin : « Le pays passe en premier, en second et en dernier ». Même subtilité en ce qui concerne le conflit interne qui anime le major Dhaliwal : les lettres en néon de l’enseigne Hôtel Lotus située en arrière-plan à la fin de sa première grosse scène grésillent pour faire apparaître le mot Hell (à savoir enfer pour les non anglophones).
Pour ce qui est de la caractérisation des personnages justement, Siddharth Anand appuie tout aussi fort. Le grand méchant du film, que les occidentaux, ces pauvres fous, ne voient que comme un homme d’affaire (en même temps...), Rizwan Ilyasi (joué par Sanjeev Vatsa puis par Mashhoor Amrohi), n’est pas seulement un dangereux islamiste, c’est aussi un homme extrêmement intelligent et, à ce titre, il fait des analogies entre ses plans et le jeu d’échecs. Et, sous réserve qu’il n’y ait pas de libertés prises avec la traduction et l’utilisation par commodité du mot échecs pour désigner un autre jeu, c’est n’importe quoi.
Quant aux héros, qui ont l’Inde dans le cathéter, si leur relation transpire la grandeur, de ces grandeurs quasi-mythologiques, la testostérone et l’amitié virile, à l’écran, Siddharth Anand appuie tant et si bien que l’admiration du disciple pour son maître vire au désir réfréné et que l’ensemble du film flirte gentiment avec l’érotisme homosexuel. Non pas que l’homosexualité ait en soi quelque chose de drôle, mais le gouffre évident entre les intentions et le résultat final, avec ses sous-entendus lourds de sens et totalement involontaires, oui. Il suffit de voir ce magnifique champs contre-champs Khalid Rahman/Kabir Dhaliwal, la mine de poisson frit du premier répondant à l’avancée au ralenti du second, que les pales de l’hélico dont il a débarqué ébouriffent avec élégance.
Autre grosse valeur ajoutée, d’ailleurs, Tiger Shroff ! Si le charismatique Hrithik Roshan est plutôt chouette en Charles Martel indien, Tiger Shroff c’est autre chose. Quand il n’affiche pas un regard pénétré de la plus pure école Sophie Marceau, il arbore l’expression de Zoolander avec le plus grand des sérieux... Et ce même quand il a à taper le code secret 80085 (c’est à dire boobs ou nichons en anglais) pour entrer dans la base gouvernementale à laquelle il est affecté.
Voilà War est tout à la fois stylé, décomplexé, maladroit, puant et surprenant... et il fait un bien fou.
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Attention, parmi ces 100 ingrédients, seuls 50 figurent dans la recette de ce film (sur les 79repérés par l'équipe d'Incredulos Vultus) ; ce qui veut dire que 50 ingrédients de cette liste ne se trouvent pas dans ce film.
Personnage > Agissement
Souvent pour donner des éléments au spectateur... Parfois pour réveiller accidentellement une entité maléfique.
ou une clôture, une grille, une grange, etc.
Le pendant sportif du whisky sec au comptoir de bar.
& variantes : ébouriffe les cheveux, tire sur les joues, etc.
Avec un changement de ton ou de rythme sur la deuxième pour marquer une insistance.
Il peut s’agir d’une phrase nominale.
Un prénom peut être intercalé entre les deux phrases.
Touché·e par un coup de feu, le personnage voltige 4 m en arrière.
Le personnage, soit en public, soit en privé, se lance dans un acte de contrition : il regrette tellement certains de ces actes passés.
Et par extension, tous les usages quotidiens rendus possibles par un miroir.
Parce que tuer une personne ou lui foutre une raclée n’est pas suffisant, il faut aussi se faire plaisir en lâchant une répartie cinglante, spirituelle ou humiliante.
Personnage > Caractéristique
& variantes : son mari, son fils, sa mère, etc.
Personnage > Citation
Un personnage surpris se réveille précipitamment en cherchant son arme/clé, etc. Jusqu’à se rendre compte que le méchant le regarde : « C’est ça que tu cherches ? »
Personnage > Héros ou héroïne
C’est pas comme ça qu’on fait la chasse aux passoires thermiques.
La tape sur l’épaule peut aussi être accompagnée d’une petite phrase bien sentie.
Personnage > Interprétation
Personnage secondaire
Généralement présent dans la filmographie de Schwarzy (gloire éternelle sur toi, Ô mon Dieu).
Réalisation
Insert toujours utile.
La dernière image du film, souvent une image de joie ou de victoire, est gelée, soit pour quelques secondes, soit pour tout le générique de fin.
Voire zoom arrière qui emmène le spectateur jusque dans l’espace.
Ralenti = oh là là, attention, il se passe quelque chose de dramatique !
Ou « X mois/années plus tard/plus tôt » (inclut à ce titre les cartons au même titre que les incrustations à proprement parler)
Et certains en font des films entiers !
Le plus souvent avec un Wooosh et un fondu au blanc.
& variantes : neige tombant en abondance au premier plan mais totalement absente de l’arrière-plan.
Réalisation > Accessoire et compagnie
& des cartes dans lesquelles sont épinglés des fils, des photos, etc.
Souvent à base d’étincelles disgracieuses, sans aucun rapport avec la réalité.
Beaucoup de sang, mais pas de plaie. Ou à l’inverse, une plaie qui ne saigne pas.
Réalisation > Audio
Réalisation > Surprise !
- une musique stridente accompagne l’arrivée dans le champ d’une main qui se pose sur l’épaule du personnage que l’on suit, mais ce n’était que la main d’un ami.
- un discours d’un officiel mécontent laisse croire à une sanction terrible pour un personnage, jusqu’à l’annonce d’une remise de médaille annoncée avec un grand sourire.
Exemples :
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Pas d’accord, humilié·e, le personnage attend que son/sa interlocuteurice ait le dos tourné pour lui faire des grimaces !
& variante : personnage qui en imite un autre (dans son dos ou non) en reprenant ses phrases et en les prononçant comme un gamin
Effet garanti sur nos zygomatiques.
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
Applaudissements nourris après une action héroïque, la résolution positive d’un événement dramatique, etc.
Scénario > Élément
Valable pour souligner l’absurdité de la vie : un personnage tombe dans l’escalier et se tue en voulant échapper à un danger.
Mais aussi pour enfoncer le clou karmique quand il s’agit d’un personnage négatif : un sbire, quand il ne connaît pas une fin dégueulasse, peut mourir de manière ridicule... Et parfois il fait les deux.
Scénario > Ficelle scénaristique
Scénario > Situation
Ça lime, ça coupe, ça soude, ça branche, à grands renforts d’étincelles et de postures déterminées à leur foutre la raclée, à ces con·nes.
Thème > GI Joe
Thème > N’importe quoi
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Thème > Testostérone
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les
79 ingrédients
et les 8 types de morts
de ce film
Personnage > Agissement
-
À voix haute | Lit ou fait la lecture
- Bagarre | Atteint, blesse ou tue un·e allié·e lorsque l’adversaire esquive
-
Bagarre | Enlève sa veste
- Bagarre | Sauve un frère d’arme
-
Bagarre | Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte...
-
Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! »
-
Course-poursuite | Défonce volontairement un portail avec son véhicule
- Drame | Ferme les paupières d’un·e mort·e
-
Évacue sa frustration sur le ring/en mettant la misère à un sac de frappe
-
Interprétation | Répète une phrase 2 fois
- Méchant·e grand format qui reste stoïque après avoir reçu un coup de poing
-
N’importe quoi | Projeté exagérément loin sous l’effet d’un coup de feu... voire d’un simple choc
- Passe à travers une vitre | pour surprendre ou faire une entrée en scène stylée
- Rendez-vous | Synchronisons nos montres
- Saute d’un véhicule encore en marche
-
Se regarde dans un miroir | Maquillage, nœud de cravate, etc.
-
Stylé | Balance une petite phrase avant de tuer une personne (ou après)
-
Super pouvoir | Ce qui lui a été dit lui revient/reste en tête mot pour mot
Personnage > Caractéristique
-
Blues | Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte
-
Super pouvoir | A un œil de lynx
-
Traître·sse (coup de théâtre)
Personnage > Citation
- Ordonne | « Couvre-moi »
-
Questionne | « C’est ça que tu cherches ? » / « Tu as perdu quelque chose ? »
- S’exclame | « Tu es/vous êtes viré·e ! »
Personnage > Héros ou héroïne
-
Au chevet d’un·e proche
-
Loose | Se fait mitrailler sa baraque, sa chambre d’hôtel
- Retourne les paroles du ou de la méchant·e/d’un ou d’une rivale contre lui/elle
-
Stylé | Tape sur l’épaule d’un personnage avant de lui donner un coup de poing fracassant
-
Super pouvoir | Simple blessure au front, au bras...
-
Tension | Donne une leçon de courage face à son bourreau
Personnage > Interprétation
Personnage secondaire
Réalisation
-
Course-poursuite | Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins
- Fin | C’est reparti pour un tour
- Grammaire | Passage musical
-
Grammaire | Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide
-
Grammaire | Ralentis injustifiés et insupportables
-
Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc.
- Mise en scène | Se braquent l’un l’autre, canons et visages séparés de quelques centimètres
-
Plan | Inserts d’images de caméscope/smartphone/d’écrans de télé/vidéosurveillance
-
Stylé | Tire en sautant
-
Technique | Pluie artificielle artificielle
- Technique | Travelling circulaire inutile
- Vision subjective | Viseur de fusil à lunette
-
Vue subjective | d’une personne droguée, sonnée ou victime de malaise
Réalisation > Accessoire et compagnie
-
Arme | Clic au lieu du Bang
-
Enquête | Mur recouvert d’indices et de coupures de journaux
-
Stylé | Valise pleine de billets
- Tension | Compte à rebours
Réalisation > Audio
- Course-poursuite | Effet Doppler
- Effet | Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc.
-
Woosh | mouvement / acrobaties
Réalisation > Surprise !
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
Scénario > Élément
- Drapeau national flottant au vent
- Impérialisme, néo-colonialisme ou propagande | Les Indien·nes, c’est vraiment les plus fort·es
- Renseignements glanés en deux clics sur internet
Scénario > Ficelle scénaristique
-
Empoisonné·e - hey hey heeeeey !
-
Entre le héros/héroïne et le méchant/méchante, c’est une affaire personnelle
Scénario > Situation
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Reprend connaissance | sur un lit d’hôpital
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Tension | Duel de fortes personnalités
-
Tension | Torture
Thème > GI Joe
Thème > N’importe quoi
- Accessoire | Coiffure impeccable, en toutes circonstances
-
Carton-pâte | Tape aléatoirement sur un clavier d’ordinateur
- Impossible, mais pourtant réussi | Tir (armes de jet, à feu)
-
Non-suspension d’incrédulité | Disparaît comme par enchantement
- Scientifiquement non prouvé | Physique des matériaux soumise à rude épreuve
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Thème > Testostérone
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