Troublesome Night 4
Philippines exposéesDes choses gentilles à dire sur ce film
Aaaah ces ventres mous qui cachent les idées... le quatrième opus de Troublesome Night présente la même faiblesse narrative que le précédent, l’ambiance est chouette, y a des idées sympa mais on peine vraiment à accompagner les personnages et suivre leurs péripéties sans s’attarder sur les secondes qui défilent sur le lecteur dvd, les ombres qui s’animent au plafond du salon, le moucheron accidentel qui papillonne mollement dans la pièce ou tout autre truc qui bougerait un peu... C’est con parce qu’une fois encore il y avait de la matière avec ces histoires de Hongkongais en décalage aux Philippines.
Relativement classique, le premier segment met en scène un transporteur chargé de la livraison d’une urne funéraire témoin de plus en plus d’apparitions étranges à mesure qu’il se rapproche de la famille de la défunte. Il réserve quelques éléments et un twist plutôt sympas à défaut d’être originaux. Le second s’attarde sur un couple qui vire du statut sans histoire au statut en crise assez rapidement. Réactualisation des tragédies grecques, c’est, plus qu’une réelle malédiction, la jalousie même de la compagne qui donne du pouvoir à l’étrange stripteaseuse qui a jeté son dévolu sur son fiancé. On écarquille gentiment les yeux devant un passage prends-moi en photo en petite tenue avec ton copain à la mine joyeuse. À part ça, c’est relativement calme.
L’intérêt de Troublesome night 4 vient du troisième segment au cours duquel on suivra trois touristes queutards (Simon Lui, Cheung Tat-Ming, Lai Yiu-Cheung) aperçus de loin en loin au cours des précédents sketches. Souhaitant mettre à profit le quartier libre ménagé au sein de leur voyage organisé pour s’envoyer en l’air, ils vont naturellement voir la situation leur exploser à la figure. La succession de mésaventures qui les mènent de bar peuplé de Méduse aux chevelures reptiliennes en salle d’audiences infernale, transforme les chasseurs pathétiques (il ne s’agit pas de violeurs en série mais de gros beaufs ordinaires) en proies de femmes au statut presque divin bien déterminées à rendre les coups. Du féminisme comme seul le cinéma d’exploitation peut en proposer avec d’un côté l’idée d’une puissance qui change de camp et d’une bascule chasseur/victime et d’un autre côté un prétexte pour montrer du nichon par grappes de douze -ce Troublesome Night est en effet plus polisson que les précédents-.
Sur le fond et sur la forme, Herman Yau se réfère tout autant à la tradition de l’antiquité grecque qu’aux représentations de l’enfer bouddhiste et aboutit à la mise en place d’une ambiance fiévreuse d’autant plus intéressante qu’elle est renforcée par les pitreries du trio. À la tension née d’une traque acharnée, d’un nombre conséquent d’assaillants, du sentiment de claustrophobie généré par les artères d’un souterrain labyrinthique baignée dans une lumière bleutée répondent des courses poursuites et des ruses tirées Scooby-Doo. Reste que ce troisième et dernier segment potentiellement délirant reste plombé lui aussi par quelques longueurs.
Au final, s’il y a une patte Troublesome Night (visages familiers à commencer par la bonne trogne de Simon Lui, narration morcelée, esthétique fiévreuse composée de plans resserrés, de cadrages intimistes, de passages filmés caméra à l’épaule...) qui fait que le film n’est pas désagréable à suivre, il lui manque le rythme, l’agressivité, le punch nécessaire pour tenir la distance. c’est d’autant plus frustrant quand on sait de quoi Herman Yau peut être capable.
Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...
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