Stork

Marcuse et jeunettes
Stork est un hypocondriaque de 6 pieds 7 pouces qui rêve de révolution et travaille à Holden. Il est licencié de son travail après avoir fait un strip-tease au travail et part vivre dans une maison partagée à Carlton avec son ami Westy et deux jeunes hommes branchés, Tony et Clyde, qui partagent la même petite amie, Anna.
source synopsis et images : Tim Burstall & Associates Bilcock & Copping Film Productions
Fiche créée le 21 novembre 2024 et mise à jour le 20 décembre 2024

Des choses gentilles à dire sur ce film

Incarné par le grand Bruce Spence dont c’est le premier rôle important à l’écran, Stork vraisemblablement surnommé ainsi pour sa ressemblance avec l’échassier (stork signifie cigogne en anglais) est une espèce de grand Duduche australien sympathiquement agité à la citation de Marcuse facile. Stork est un rêveur révolté tout à la fois imaginatif, idéaliste, branleur, pique-assiette, hypocondriaque, gamin, malin, sanguin qui s’inscrit dans la tradition des personnages issus de la contre-culture des années 1960-1970 qui en voyant un monde de merde leur tendre les bras décident de secouer leurs contemporains, l’absurdité du modèle travail, famille, profit et l’hypocrisie abjecte des bonnes mœurs... avec un petit quelque chose en plus, Stork le fait dans un langage et une attitude propres aux Australiens.
En fait, s’il y a quelque chose d’assez international dans Stork et dans ses revendications (la scène d’introduction qui voit le personnage se désaper à son boulot parce qu’il ne supporte plus l’obligation absurde de porter un costume qui le compresse suivie d’un générique en image par image au cours duquel il se faire escorter jusqu’au bureau du patron qu’il éconduit à moitié à poil d’un doigt d’honneur résume tout), il porte aussi dans ce qu’il est la volonté d’émancipation des Australiens qui, jusqu’il y a peu, se considéraient avant tout comme Britanniques et pour qui la maison était une île bien plus petite qu’ils n’avaient souvent jamais vue et sur laquelle beaucoup ne mettraient jamais les pieds. Ce sentiment d’indépendance chez les Australiens est à l’époque aussi marqué envers les États-Unis qui viennent de les embarquer dans la guerre au Vietnam et dont ils sont assez dépendants aussi culturellement et notamment en ce qui concerne le cinéma. La production locale étant en sommeil depuis quelques années.
C’est dans ce contexte là que se développe une nouvelle vague du cinéma australien dont Stork est l’un des premiers représentants en plus d’être un des fers de lance du genre ocker movie, sur le succès duquel s’est aussi construit la nouvelle vague. La figure du ocker étant au croisement du beauf populaire et accessoirement coureur et misogyne (on est proche des sex comedies), du rétif brut de décoffrage mais avec un cœur gros comme ça et du symbole national par le biais des tournures argotiques dont il use et abuse, elle permet d’attirer un public relativement large. Pour le réalisateur de Stork, Tim Burstall, qui réalisera peu après Alvin Purple, ça va même plus loin : le meilleur moyen pour les australiens de s’accepter étant de se tourner en dérision, de s’assumer avec ses qualités et ses défauts, la figure ambivalente du ocker dont la définition du reste évalue en fonction de ses supporteurs et de ses détracteurs, devient de fait incontournable.
Dans Stork, on suit les pérégrinations du personnage, sa vie en coloc avec ses potes et son histoire d’amitié naissante avec la copine de deux d’entre eux. Il n’y a pas d’histoire ni d’enjeu une grande partie du film, seulement une succession d’instantanés. La force de Stork tient avant tout de son personnage principal tout en demi teinte sujet à des rêveries régulières, provoquées par la lecture des annonces d’emplois ou parfois simplement un mot pris à la volée. Là où il se montre particulièrement touchant, c’est qu’il semble ne pas pouvoir s’empêcher de se ridiculiser dans ses propres fantasmes, exemple avec le juge pris en otage par son gang fictif et lui-même qui lui vole les meilleures répliques. Quand il l’interroge avec l’insolence d’un adolescent engagé sûr de sa force et de ses convictions : « si on t’enlève ton titre, si on t’enlève ta perruque, ta robe, qu’est-ce que t’as ? », il lui répond avec flegme « Six mois pour atteinte à la pudeur » le laissant les bras ballants et mettant du même coup fin à son délire. Un autre de ses fantasmes le glisse dans la peau d’un artiste en vue qui s’écoute parler en déclamant nonchalamment des lieux communs sur les pulsions créatrices tout en buvant de la bière et en s’empiffrant de fromage avant d’annoncer « en voilà pour 10.000 dollars » et de vomir un coup sur une toile. Stork se moque à la fois de la société, de ceux qui la critiquent, et de ceux qui les égratignent tous les deux. Un carton plein.
Voilà, Stork est un film qui, après plus de 50 ans, peut avoir perdu de son mordant et sembler parfois un peu mollasson, mais son identité reste suffisamment marquée pour confirmer son statut de classique de la nouvelle vague australienne.



Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...


Consulter les 16 ingrédients de ce film

Personnage > Agissement

Personnage > Interprétation

Réalisation > Surprise !

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Scénario > Contexte spatio-temporel

Scénario > Dialogue

Scénario > Élément

Thème > N’importe quoi

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

    Ce film ne contient aucune mort


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