Spirale
Une affaire qui tourne ronronTitre original (ou alternatif) : うずまき ; Uzumaki
Des choses gentilles à dire sur ce film
Adapter une œuvre écrite ou dessinée à l’écran, c’est toujours hyper casse-gueule. Adapter une série encore un peu en cours, c’est suicidaire... Avec Spirale, Higuchinsky se croûte gentiment. D’autant que les premiers épisodes du manga de Junji Ito qu’a essentiellement choisi de reprendre le réalisateur sont presque indépendants, simplement reliés par les personnages et le motif de la spirale... Ce qui fait en effet la richesse de l’œuvre de Ito tient dans la manière qu’il a eu de progressivement accélérer la désagrégation de la ville, de progressivement relier entre elles les différentes intrigues, de lui donner corps dans un rythme global. Cette construction, Higuchinsky passe complètement à côté en proposant quelque chose de relativement fidèle vis à vis des épisodes mêmes mais de très incomplet à l’échelle de l’œuvre globale. Son travail était donc voué à l’échec d’autant qu’il n’a pas forcément cherché non plus à adapter le matériau de base à son nouveau support. On se retrouve face à un récit qui ne tourne pas tant en rond qu’il fait du sur place et c’est assez dommage.
Si l’adaptation de Higuchinsky pêche en terme de narration, elle est aussi décevante sur le plan de la hargne et des visions d’horreur qui caractérisent le travail de Ito, parfois un peu gore mais surtout assez perturbant. La disparition de l’idée d’escalade et l’absence d’apothéose y est pour beaucoup mais on sent aussi un certain refus d’obstacle dans la mise en scène de certains passages (l’accouplement des hommes-escargots, l’absence de la forme finale du lycéen qui cherche à séduire l’héroïne en la surprenant etc.)
Au final, beaucoup d’éléments du film ne fonctionnent pas. Néanmoins, l’ambiance plutôt réussie, rend, elle, l’ensemble assez prenant. Si elle peut diviser, on sent toutefois une tentative intéressante de chercher comment traduire le trait nerveux et le côté graphiquement sombre, chargé et suffocant du manga de Ito par un traitement paradoxalement artificiel et lissé qui reposera essentiellement sur le travail de la couleur (bon et des incrustations de spirales en CGI dissimulées dans le décor pas spécialement heureuses). Higuchinsky propose une identité visuelle qui repose sur une gamme de couleurs désaturées assez glauque. La technique sera reprise ultérieurement pour les adaptations animées Junji Ito : Collection ou Maniac par Junji Itō : Anthologie Macabre qui jouent sur une certaine sobriété en termes de lignes et de décors et une palette de gris, de bruns, de tons clairs bleuâtres ou verdâtres.
Sur Uzumaki on est dans des gris vert assez humides, poisseux... que Higuchinsky complète occasionnellement d’expérimentations proches de celles d’Obayashi avec des jeux de superpositions, de scènes filmées devant des écrans verts ostensibles, d’animation de photos en image par image, de transitions étranges et l’utilisation, parfois, de bruitages cartoonesques... C’est curieux mais pas inintéressant.
Uzumaki est un peu maladroit, et très dispensable, c’est sûr, frustrant, aussi, pour celles et ceux qui ont lu le manga original, mais pas dénué de qualités, l’ambiance fonctionne plutôt bien, Ren Osugi est plutôt fun dans le rôle du père de Shuichi et quelques unes des idées maîtresses du manga font leur petit effet à l’écran...
Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...
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