Postman
Ce qu’un postulat bêbête vous promet, Kevin Costner vous l’apporteTitre original (ou alternatif) : The Postman
À regarder uniquement entre ami·es | |
|
Des choses à dire sur ce film
Postman. Sept lettres. Un film. Trois heures. Bon ok, les élans hyper patriotiques, le premier degré à toute épreuve et surtout complètement à côté de la plaque du truc sont supers. Mais trois heures, putain, trois heures.
Adaptation du roman éponyme de David Brin dans lequel un homme s’improvise facteur pour maintenir la civilisation dans un monde dévasté, Postman est le mélange raté du plus grand succès de Kevin Costner, Danse avec les loups, et du plus gros flop, jusque-là, auquel il a été associé Waterworld. Du premier, il n’aura pas le souffle, il n’aura pas le sens du rythme ni la manière de poser les choses, il n’aura pas non plus la poésie ; du second, il n’aura pas la saveur un peu nanarde qui rendait cet accident industriel plutôt sympathique ni même son aura post-apo.
Cette dimension, assez présente dans le roman, a été presque entièrement évacuée pour donner au film la teinte western chère au réalisateur. Le parti pris était intéressant mais la trop faible proportion de post-apo dans le dosage neutralise complètement le discours. En effet, les éléments post-apo les plus pertinents sont rares (la découverte du cadavre du facteur qui fait démarrer l’action), pour le reste on a un saupoudrage tantôt sentencieux (intro pas aussi naze que celles qu’on peut voir dans les Resident Evil de Paul W. S. Anderson mais quand même assez basse du front) tantôt humoristique avec ce que ça peut avoir de pertinent (les références aux Beatles dans les affabulations du personnage principal (Kevin Costner) : Richard Starkey, It’s getting better all the time qui inscrivent autant l’action dans une ligne temporelle qu’elle mettent en valeur le côté débrouillard du héros) mais aussi de carrément tarte (le héros au moment d’envoyer ses facteurs en mission retourne sa casquette avec un demi-sourire : « quand j’étais gosse, tout le monde mettait sa visière devant derrière, on trouvait ça cool »). Bref, on a un univers qui peine à fonctionner.
Si le postulat de départ est inhabituel voire intéressant, avec cette idée d’un post-apo optimiste où la civilisation est préservée par la communication et le service public postal, il peut très rapidement et très facilement tourner au ridicule pour peu que la manière de le développer manque de finesse. Et c’est justement l’écueil que Kevin Costner s’est mangé la tête la première en plombant son récit par une exaltation de la bravoure très très très premier degré mais aussi par un côté make america great again aussi appuyé que maladroit.
Oui, oui, les expressions « We had a great nation once » « I’m gonna to make us strong again » sont bien présentes, texto, elles sortent de la bouche de l’antagoniste (Will Patton) certes mais le camp des héros n’est pas en reste. De loin en loin (le film dure trois heures, putain, trois heures), on a donc des pépites du type « je suis facteur, je ne me sauve devant personne » ; une séquence qui s’attarde sur les actions in fine héroïques des facteurs, leur serment en voix off répété à l’unisson défilant en fond sonore ; ou encore la scène centrale qui voit notre Kevin dépasser malencontreusement un gamin sorti trop tard pour lui remettre son enveloppe, qui s’arrête, fait demi-tour pour récupérer le courrier au triple galop (mais au ralenti) sur la musique héroïque d’un James Newton Howard peu inspiré...
Et comme si ça ne suffisait pas, le tout suppure régulièrement les bons sentiments hypocrites et la fausse bienveillance. Avec deux grosses tartes à la crème dans le genre :
1. Il faut bien que le héros ait sa romance, mais la candidate au poste, Abby (Olivia Williams), est mariée... pas de souci, il suffit de tuer le mari gênant pour préserver la bonne morale. Et en plus ça donne un peu plus de profondeur aux personnages.
2. S’il faut bien que le méchant meure, le héros ne peut pas se charger froidement de la besogne, surtout après les grands discours empreints de chevalerie, alors une fois vaincu, le général Bethlehem va quand même s’emparer d’une arme pour pouvoir quand même être buté par son lieutenant en voie de rédemption.
Ouf le cahier des charges est respecté et l’honneur et la bienséance sont saufs.
On ne peut pas dire Postman, c’est un flop quand-même un peu mérité.
Cliquer ici pour jouer au bingo avec ces propositions d'ingrédients
Attention, parmi ces ingrédients, seuls 33 figurent dans la recette de ce film ; tous les autres ne s'y trouvent pas.
Bonus
Personnage > Agissement
Rhâââââ !
Même dans les situations le plus dangereuses, la coolitude du personnage est telle qu’elle/il ne peut s’empêcher de faire une blagounette.
Le héros a trouvé un truc mais ne le dit à personne et quitte le groupe précipitamment
Que le personnage soit abandonné par les gens qui partent sans lui ou qu’il cherche à les rattraper, il se retrouve à leur courir après, en vain (ou pas).
Y’a toujours des cons pour être en plein dans la course des protagonistes, aussi. Faut comprendre, merde.
Touché·e par un coup de feu, le personnage voltige 4 m en arrière.
Le personnage, soit en public, soit en privé, se lance dans un acte de contrition : il regrette tellement certains de ces actes passés.
Personnage > Caractéristique
Personnage > Citation
Personnage > Héros ou héroïne
Personnage > Interprétation
Personnage > Méchant·e
Réalisation
Ou « X mois/années plus tard/plus tôt » (inclut à ce titre les cartons au même titre que les incrustations à proprement parler)
À l’adresse du spectateur. Direct. Sans vaseline ni repas aux chandelles.
& variantes : neige tombant en abondance au premier plan mais totalement absente de l’arrière-plan.
Avec les réactions classiques des personnages barricadés dans la pièce : celui qui panique, celui qui garde la tête froide et qui pige que c’est une diversion, celui qui transpire beaucoup...
Réalisation > Accessoire et compagnie
Réalisation > Audio
Réalisation > Surprise !
- une musique stridente accompagne l’arrivée dans le champ d’une main qui se pose sur l’épaule du personnage que l’on suit, mais ce n’était que la main d’un ami.
- un discours d’un officiel mécontent laisse croire à une sanction terrible pour un personnage, jusqu’à l’annonce d’une remise de médaille annoncée avec un grand sourire.
Exemples :
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
Pour la/le méchant·e, signe d’une culture et d’un raffinement qui le/la situe haut sur l’échelle sociale, et largement au-dessus de ses sbires.
Entre une fente à l’escrime, une esquive de masse d’arme ou une parade d’uppercut, les combattant·es enchaînent leur explication de texte, et sans être essoufflé·e qui plus est.
Scénario > Élément
Valable pour souligner l’absurdité de la vie : un personnage tombe dans l’escalier et se tue en voulant échapper à un danger.
Mais aussi pour enfoncer le clou karmique quand il s’agit d’un personnage négatif : un sbire, quand il ne connaît pas une fin dégueulasse, peut mourir de manière ridicule... Et parfois il fait les deux.
Scénario > Ficelle scénaristique
Scénario > Situation
Thème > GI Joe
Thème > N’importe quoi
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Consulter
les
33 ingrédients
de ce film
Bonus
Personnage > Agissement
-
Bagarre | Empêche un personnage d’en abattre un autre en retenant son bras ou en le poussant au dernier moment
- Passion | Se fait draguer
-
Tension | Échappe in extremis à un danger
Personnage > Caractéristique
Personnage > Citation
-
Ordonne | « Tuez-le ! » / « Tuez-la ! »
- Prévient | « Fais pas le con ! »
- Regrette | « Qu’est-ce que j’ai fait... »
Personnage > Héros ou héroïne
Personnage > Interprétation
Personnage > Méchant·e
- Le/la méchant·e, vaincu.e/arrêté·e, saisit l’arme d’un des gardes/flics qui l’escorte pour quand-même pouvoir être buté·e
-
Mégalomane
-
Mort | Le chef des méchants (ou la traîtresse) meurt toujours en dernier
Réalisation
-
Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc.
-
Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion
-
Technique | Pluie artificielle artificielle
-
Vue subjective | Jumelles... avec deux ronds bien dessinés
Réalisation > Audio
Réalisation > Surprise !
-
Faux suspense !
- Faux suspense | Tire sur les entraves, les gardes... ou simplement à côté de la personne désignée comme cible
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
-
Citation d’un personnage célèbre
-
Deux types se battent (à mort), sans pouvoir s’empêcher de papoter tranquillou
-
Foule en délire
- S’adresse à son ennemi invisible ou absent | « Je sais que tu es là », « Qu’est-ce que tu mijotes ? »...
Scénario > Élément
- Drapeau national flottant au vent
- Impérialisme, néo-colonialisme ou propagande | Les Américain·es, c’est vraiment les plus fort·es
-
Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
Thème > GI Joe
Thème > N’importe quoi
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Ce film ne contient aucune mort
Un message, un commentaire ?
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.