Colocataires et amis d'enfance, Dave et Andrew vivent en marge de la société, partageant une solide détestation pour leurs congénères. Alors que les ennuis s'abattent sur eux, nos deux misanthropes se retrouvent soudain projetés dans un monde totalement vide. Etres et choses semblent avoir complètement disparu. Dave et Andrew doivent alors faire l'expérience du Néant...
Dans la série l’enfer c’est les autres, Nothing se pose là. Dès le début du film, les autres font chier, et le dire, le vivre, en souffrir, s’en abstraire, c’est automatiquement se condamner. Andrew et Dave rentrent dans cette case à l’étiquette bien commode de marginaux, l’un parce que le contact avec l’extérieur et les autres le rend malade, l’autre parce que ses tentatives désespérées pour s’intégrer le rendent au mieux, glauque, au pire, lui explosent au visage. Et c’est ainsi qu’ils se retrouvent avec, devant leur porte, des flics qui voient en Dave un escroc, une mère furieuse qui voit en Andrew un bourreau d’enfant et des administratifs et des ouvriers qui voient dans la maison des protagonistes une verrue à supprimer... Et puis. Plus rien. Tout disparaît sauf eux deux, leur maison, et tout ce qu’elle contient. Voilà Nothing, c’est avant tout un concept.
Mais Nothing c’est aussi une esthétique, la ville entr’aperçue, les intérieurs, la maison, piégée entre deux bouts d’autoroute tient autant de la dystopie à la Brazil que de la poésie à la Gondry ; quant au vide, d’un blanc aveuglant et oppressant, il se pose aussi rapidement en terrain de jeux gigantesque, ses propriétés rebondissantes (avec le petit bruit de ressort qui va bien) aident bien. Ce qui permet à un déroulé classique - à l’appréhension et la terreur succèdent l’insouciance et la bonne humeur, viennent enfin la petite crise et la résolution - d’avoir, malgré quelques longueurs, un côté inattendu.
Petite réflexion sans prétention sur les autres (à partir de quand être deux c’est toujours un de trop (voire deux)), le pouvoir et l’immaturité (j’ai un problème, je le gomme), l’identité et les souvenirs traumatisants (j’ai un problème, je le gomme)... Nothing n’en reste pas moins un film assez fun où il est question d’une pipe faite par un chien.
Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...