Ninja Turtles : Teenage Years
Freaks and geeksTitre original (ou alternatif) : Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutant Mayhem
Des choses gentilles à dire sur ce film
Nouvelle trame, nouvelle identité graphique, nouvelles origines, le monde de la culture populaire et celui des (super) héros en particulier est de plus en plus périodiquement sujet à la déclinaison, aux héritiers, aux cousinades, aux filiations, à la table-rase parfois, aux changements occasionnellement et, de manière assez ironique, finalement, aux retours aux sources. Un fourre-tout qui mêle hommage sincère, « vu par » artistique, et pompe à fric qui pourrait être légitime -après tout le cinéma est une industrie- si la plupart des tentatives pour exploiter le filon ne s’avéraient pas aussi paresseuses, illisibles, dégueulasses et inintéressantes. Alors. Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutant Mayhem dans tout ça ?
Bin le Tortues ninjas vu par le tandem Seth Rogen et Evan Goldberg en partenariat avec Jeff Rowe est quelque part un peu tiédasse dans la mesure où les auteurs peinent à apporter leurs marques respectives. Si le scénario rebat légèrement les cartes (avec entres autres un Splinter papa poule à double tranchant), on est dans un épisode d’entrée en matière lambda : rencontre, origines, pose des différents enjeux et dynamiques à venir au-delà des péripéties propres à l’épisode, et fin ouverte avec, naturellement, une scène post-générique qui introduit l’arrivée future d’un antagoniste majeur. C’est du classique. Efficace dans l’ensemble mais sans réelle poussée à même de rendre le film mémorable.
Si Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutant Mayhem avance effectivement vite grâce à son guidage automatique, il est aussi pénalisé par les ficelles qu’il utilise. C’est le cas, par exemple de la bonne vieille reconstitution de souvenirs avec une voix off et la verbalisation/explicitation des sentiments que ce passé génère qui peut être un procédé relativement lourd. En l’occurrence, le film choisit non pas de montrer l’origine des tortues directement mais de le faire par l’intermédiaire de Splinter qui raconte aux tortues leur histoire... qu’elles connaissent déjà. Le fait que Splinter annonce en gros, oui vous connaissez déjà cette histoire je sais, m’écouter sera votre punition, montre que les scénaristes ne sont pas dupes de la faiblesse de passer ici par les personnages pour s’adresser au public mais désamorcer le truc en jouant la bonne vieille carte du méta et de l’autodérision, loin de rendre le passage plus digeste souligne son statut de ficelle narrative. Il y a un côté petit malin qui ne fonctionne pas vraiment.
C’est d’ailleurs le gros défaut du film, on est pile poil entre la volonté de faire un peu (un tout petit peu) sale gosse et le pétard mouillé. Les gags à base de détournements, les gags au ralenti avec la distorsion des dialogues, les maladresses héroïques, les références à la culture populaire, le second degré d’une utilisation de Push It to the Limit... tout ça ne relève même plus du décalage tant tous ces p’tits trucs ont déjà été exploités et assimilés.
Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutant Mayhem n’a pas la fraîcheur que pouvait avoir par exemple avoir la série Nickelodeon sortie en 2012 à laquelle le film semble faire écho avec un gros accent mis sur la jeunesse des personnages, leurs défauts, leurs maladresses et leur côté touchant, avec des délires sympas autour du mutagène, la part belle à la culture populaire et aux influences japonaises contemporaines. Même si le résultat final est plutôt sympa avec des délires qui fonctionnent bien (l’un des protagonistes se plaint d’être devenu chauve hyper jeune, les running gags autour de la traite des tortues ou du chauffeur de taxi du Bronx, ou les tétons percés de Bebop) il manque vraiment à l’ensemble la puissance d’un nouveau souffle.
C’est frustrant parce que l’émotion en pâtit aussi. Le récit d’émancipation adolescente des tortues, aspiration à la vie lycéenne incluse, n’est, malgré quelques bonnes idées, pas aussi captivant qu’il aurait pu l’être en raison d’un déroulé sans surprises. La figure de Splinter papa poule qui se dessine en opposition aux tortues est quant à elle intéressante mais la manière facile dont ce trait de caractère est posé enlève la dignité qui caractérise le personnage, comme si à l’écriture, on avait confondu tendresse et bouffonnerie.
En revanche, sur la forme, c’est une réussite totale. Le film est tout simplement splendide, et si on peut reprocher au fond d’être trop lisse, graphiquement, c’est un festival de couleurs, de jeux d’ombres, d’éclats divers, de reliefs, de matière presque. La nuit new-yorkaise a une personnalité très marquée et les bas-fond dégagent ce qu’il faut de dense et de nauséabond. En terme d’animation, c’est tout autant nerveux que fluide. Et cette qualité au niveau du traitement tire vers le haut un film qui autrement serait juste moyen.
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Attention, parmi ces ingrédients, seuls 48 figurent dans la recette de ce film ; tous les autres ne s'y trouvent pas.
Bonus
Personnage > Agissement
On lui avait dit, pourtant ! Mais cette fichue tête de mule n’écoute jamais... et tant mieux pour les spectateurs et spectatrices.
« Avait pourtant été prévenu » touche autant à la narration qu’à la caractérisation du personnage.
Dans le premier cas, il permet de développer le récit sur le principe action/réaction, cause/conséquence. On se rapproche de l’ingrédient Introduction forcée d’un élément dont on sait d’avance qu’il servira plus tard (fusil de Tchekhov)/fusil de Tchekhov : en tant que spectateur, on aurait été déçu·e que le personnage ne se soit pas aventuré, par exemple, là où il ne devait pas aller.
Dans le second, ça assied ou renforce le caractère du personnage : détermination, inconscience, couilles au menton...
L’entrée peut avoir aussi une connotation morale proche du conte, avertissements de mères-grands et j’en passe.
À ne pas confondre avec une menace du type « si tu t’approche je fais ça, je te préviens ! » mise à exécution.
Que le personnage soit abandonné par les gens qui partent sans lui ou qu’il cherche à les rattraper, il se retrouve à leur courir après, en vain (ou pas).
ou une clôture, une grille, une grange, etc.
& variantes : une vidéo de famille.
Peut lui parler.
Et par extension, tous les usages quotidiens rendus possibles par un miroir.
Parce que tuer une personne ou lui foutre une raclée n’est pas suffisant, il faut aussi se faire plaisir en lâchant une répartie cinglante, spirituelle ou humiliante.
Même dans les années 80 c’était pas cool.
Personnage > Caractéristique
Personnage > Citation
Personnage > Héros ou héroïne
Personnage > Interprétation
Personnage > Méchant·e
Réalisation
Insert toujours utile.
Scène censée en mettre plein la vue et inspirer crainte et respect.
Précision : pour les cas de strangulation ou de tirage de col.
Les personnages suspendus dans le vide ne sont pas concernés.
Réalisation > Accessoire et compagnie
Réalisation > Audio
Parce qu’un vaisseau spatial sans alarme c’est une France sans fromages.
Comme une épée tirée d’un fourreau en cuir ; et par extension, tout bruit métallique absolument impossible.
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
Scénario > Élément
Scénario > Ficelle scénaristique
Avec effets faciles, bouche bée filmée au ralenti, dénouage de cheveux filmé au ralenti, regard insistant, baisse d’attention, voire effets de scintillement, etc.
Scénario > Situation
Thème > N’importe quoi
Thème > Testostérone
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les
48 ingrédients
de ce film
Personnage > Agissement
-
Avait pourtant été prévenu·e de ne pas faire ça
- Bagarre | Fait signe à son adversaire de s’approcher
-
Bagarre | Coup dans les couilles (ouch !)
-
Course-poursuite | Court après un véhicule
-
Course-poursuite | Défonce volontairement un portail avec son véhicule
-
Émotion | Regarde (avec tristesse/nostalgie) une photo de sa femme/son mari/sa fille/son fils
-
Famille | Borde son enfant endormi
- Stylé | Porte une boom box sur l’épaule pour écouter de la musique
-
Stylé | S’assieds à l’envers sur une chaise (le dossier devant)
-
Stylé | S’exclament la même chose et en même temps
-
Tension | Échappe in extremis à un danger
Personnage > Citation
Personnage > Héros ou héroïne
Personnage > Méchant·e
Réalisation
-
Course-poursuite | Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins
-
Équipe | L’équipe (au complet) avance (au ralenti) face caméra
-
Fin | Ouverte
- Grammaire | Passage musical
-
Grammaire | Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide
- Gros plan/zoom sur le visage d’un personnage (qui crie) tandis qu’un truc lui tombe dessus
-
Habillage | Placement de produits
- Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite
-
Plan | Inserts d’images de caméscope/smartphone/d’écrans de télé/vidéosurveillance
- Reconstitution de souvenirs, récit, accompagnés d’une voix-off
-
Sifflement entendu par une personne sonnée/choquée
- Technique | Travelling circulaire inutile
- Vision subjective | Personnage qui reprend connaissance
- Vue subjective | Animal de compagnie
-
Woosh | Mise en scène
Réalisation > Accessoire et compagnie
Réalisation > Audio
-
Ambiance sonore | Alarme stridente de vaisseau spatial/laboratoire/base secrète
-
Bruit exagéré | Bruit métallique injustifié
-
Bruit exagéré | Les épées, cannes, flèches, lances font woosh et cling !
- Course-poursuite | Effet Doppler
- Effet | Cri de Wilhelm
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
Scénario > Ficelle scénaristique
Thème > N’importe quoi
Thème > Testostérone
Ce film ne contient aucune mort
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