La Chasse aux diplômes
Le cercle des juristes déconfitsTitre original (ou alternatif) : The Paper Chase
Des choses gentilles à dire sur ce film
On ne peut pas dire qu’il se passe beaucoup de choses dans The paper chase, et en même temps, il s’en passe tellement. Un peu comme une année en fac finalement. C’est le principe du film en même temps... et sa grande force.
Adapté du roman John Jay Osborn Jr., le film s’attache à suivre le parcours en première année à la faculté de droit à Harvard de James Hart (Timothy Bottoms) et de ses camarades de promo. Pas de potacheries, de grandes fêtes en toge et de stratagèmes de triche improbables, pas non plus de caricature à gros traits d’ambitieux cyniques de tous poils. James Bridges, et John Jay Osborn Jr. avant lui, décrivent les mécanismes qui animent une certaine vie étudiante et le pan de société qui se dessine derrière avec équilibre ; un peu d’analyse, un peu de critique, un peu d’humain, un peu de décalage.
La promo y est décrite simplement : il y a ceux qui ont abandonné progressivement tout espoir de comprendre (ou de se fondre), il y a ceux qui peuvent mais qui restent tétanisés par manque de clefs et de confiance, et ceux qui se situent dans la crème de la crème... Position tout aussi précaire puisque arriver dans cette sphère nécessite de sacrifier beaucoup et y rester, le reste, ce, sans certitude aucune d’obtenir ne serait-ce qu’un brin de considération de la part du professeur Charles W. Kingsfield Jr. (John Houseman) à l’aura quasi divine.
Pour atteindre ou rester au top, certains étudiants bossent de conserve ; la maîtrise de chacune des thématiques du cours impliquant d’avoir des journées de 72 heures, chacun se spécialise dans un domaine qu’il va digérer pour les autres. La démarche est logique. La démarche est instituée. La démarche est un échec. L’exemple donné par le groupe de James aligne jalousie, animosité viscérale et trop plein de pression... L’un des membres du groupe tente de se suicider, les autres ne l’ont pas plus vu venir qu’ils ne semblent s’en émouvoir. La quête de justice des jeunes hommes, de leurs professeurs, de l’institution apparaît dès lors comme illusoire, l’humain semblant totalement perdu de vue. L’absurdité sonne doublement fort à la lecture du journal de Charles W. Kingsfield Jr. par James. Le professeur alors jeune exprime ses doutes sur un système qui fera de lui une extension vivante de la tradition...
Au milieu de ça James essaie de construire une relation avec Susan (Lindsay Wagner), de se faire remarquer de son professeur de père (eh oui, Susan est la fille de Kingsfield), de le percer, de réussir quand bien même réussir serait échouer... Et c’est fascinant. La réalisation de James Bridges est nickel, sans fioritures ni longueur, appuyée à la perfection par la musique de John Williams qui, sans être trop présente, est touchante (le thème principal qui correspond à la relation amoureuse entre James et Susan) autant que, par touches, surprenante, jouant avec la forme classique avec déférence pour, à la première occasion, mieux s’en défaire ou la détourner (la séquence de l’hôtel).
Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...
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