Independence Day : Resurgence
La rançon de RolandDes choses gentilles à dire sur ce film
Vingt ans après la tentative d’invasion extraterrestre du premier film, les différents peuples de la terre ont non seulement appris à vivre en paix sur leur caillou mais aussi à exploiter le savoir et la technologie de ceux qui ont tenté de les exterminer. Cela aura-t-il une quelconque importance lorsque les envahisseurs reviendront ? Pas plus que ça aura une incidence quelconque sur le scénario en fait, Independence Day : Resurgence se présentant plus comme un remake de Independence Day que comme une vraie suite à proprement parler.
Parti en mode, toujours plus loin, plus fort, plus vite, jusqu’au bout de l’extrême limite, Roland Emmerich aligne pour sa nouvelle invasion, un vaisseau mère beaucoup plus gros, une reine immense, plein de fusils laser, encore plus d’incrustations qui pioupioutent et tout plein de personnages plus ou moins nouveaux... Le problème c’est qu’il y a tellement trop de tout et surtout casé n’importe comment que le film s’écroule lamentablement.
En effet, là où Roland Emmerich appliquait pour le premier volet une recette qui fonctionnait, le résultat se montrant archétypal mais lisible, over the top mais millimétré, crétin mais haletant, et finalement tout aussi fun qu’il pouvait être bas du front, il semble ici s’appuyer sur quelque chose d’incomplet, comme si la recette du film de 1996 avait été gardée pas si précieusement et s’était retrouvée amputée de l’idée du rythme et d’une certaine forme de concision parce qu’il y avait une tache de gras dessus ou que l’encre a bavé.
Un des éléments révélateurs de ce déséquilibre en ce qu’il en est à la fois, cause et symptôme reste les personnages. Nombreux dans le premiers films, ils avaient pour eux de se situer chacun dans une catégorie d’archétypes différents, afin de faciliter une certaine forme d’identification, un peu comme dans un jeu de rôle. Les scènes d’exposition, basées sur les codes du film catastrophe, posaient ce qu’il fallait pour s’y attacher. Dans Independence Day : Resurgence, Les personnages sont deux fois plus nombreux, introduits à la chaîne, interchangeables et reliés entre eux grossièrement avec une ficelle rouge et poisseuse. Le Steven Hiller (Will Smith) du premier film est ici scindé en deux et on le retrouve dans Dylan, son fils adoptif (Jessie Usher) et dans Jake (Liam Hemsworth), tous deux de beaux spécimens de mâles alpha l’un solide et résilient, l’autre tête brûlée tout en woo-hoo de confrérie et en insolence inoffensive, lesquels, naturellement, ne s’entendent pas au début et lesquels, naturellement, sont aussi insupportables l’un que l’autre (quoique Liam Hemsworth mérite vraiment un sacré paquet de taquets). Jake est en couple avec Patricia (Maika Monroe), la fille de l’ancien président Whitmore (Bill Pullman) qui se retrouve lui aussi dans la boucle pour faire office de figure tutélaire quand la présidente de l’épisode est hors course et se sacrifier avec panache comme Russell (Randy Quaid) en son temps. Pour faire le tampon entre tout le monde David Levinson (Jeff Goldblum) est lui aussi de retour avec, dans ses bagages, son père (Judd Hirsch), une nouvelle ex copine (Charlotte Gainsbourg), un chef de guerre africain (DeObia Oparei) et un sidekick comique... qui fait très lourdement écho avec celui que s’est déniché Jake. Et parce qu’on a jamais assez de personnages comiques, Brakish Okun, le docteur farfelu interprété par Brent Spiner revient d’entre les morts : son contact rapproché avec un E.T. vénère l’avait juste laissé dans le coma en fait. Et lui aussi entraîne de nouveaux personnages dans son sillage...
C’est lourd. Très lourd. Alors avec un scénario léger comme les peines dont peut écoper Patrick Balkany et une réalisation tout aussi moche, Independence Day : Resurgence est oublié à peine visionné. Il y a bien l’apparition d’un allié extraterrestre qui donne juste envie de prendre une grande inspiration et de se pincer très très fort l’arrête du nez au niveau des caroncules jusqu’à voir des formes rigolotes ; il y a bien une ou deux tentatives d’humour méta type « ’y a pas de doute ils adorent nos monuments » (Jeff Goldblum, seul membre du casting à vraiment surnager) ou d’héroïsme puant type héros qui provoque les E.T.à coups de fanfaronnades et de doigts d’honneur (Liam Hemsworth juste en face de Jeff Goldblum à l’autre bout du spectre de la comédie) ; ainsi qu’un final « Oui on sera toujours partant pour casser de l’alien » qui fait gentiment sourire mais voilà c’est vraiment tout ce qui peut éveiller une quelconque réaction... et elle est pas toujours positive.
Bref, Independence Day : Resurgence c’est vraiment très chiant.
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Attention, parmi ces 100 ingrédients, seuls 50 figurent dans la recette de ce film (sur les 73repérés par l'équipe d'Incredulos Vultus) ; ce qui veut dire que 50 ingrédients de cette liste ne se trouvent pas dans ce film.
Bonus
Personnage > Agissement
Souvent pour donner des éléments au spectateur... Parfois pour réveiller accidentellement une entité maléfique.
Même dans les situations le plus dangereuses, la coolitude du personnage est telle qu’elle/il ne peut s’empêcher de faire une blagounette.
& variantes : une vidéo de famille.
Peut lui parler.
Bonus de 5 pts si un des hommes au cœur de cette rivalité croise les bras de frustration/colère/mécontentement.
Parce que tuer une personne ou lui foutre une raclée n’est pas suffisant, il faut aussi se faire plaisir en lâchant une répartie cinglante, spirituelle ou humiliante.
C’était à un poil de cul près, mais ouf, on s’en est sorti.
Une valeur sûre du catalogue.
Un peu comme quand on appuye sur les touches de la télécommande plus fort quand on sait les piles un peu faibles
& variantes : tape dans objet ou jette un objet
Personnage > Caractéristique
& variantes : son mari, son fils, sa mère, etc.
Se prend régulièrement les pieds dans le tapis mais finira par conquérir sa belle parce qu’il n’est comme les autres mecs.
Personnage > Citation
& variantes : « Hourra ! » de foule, etc.
& variantes : « Je te promets que tout va bien se passer », etc.
Personnage > Héros ou héroïne
Personnage > Interprétation
Personnage > Méchant·e
Personnage secondaire
Réalisation
Insert toujours utile.
Avec accessoirement un drapeau qui flotte ou deux coups de trompette solennelle.
« Nous allons tous mourir. »
Ou « X mois/années plus tard/plus tôt » (inclut à ce titre les cartons au même titre que les incrustations à proprement parler)
Qui généralement s’ouvre/se referme.
Avec les pages qui défilent à mesure qu’on pose les éléments de départ.
Accompagnée le plus souvent d’une musique dramatique.
Réutilisation plus ou moins adroite.
Réalisation > Accessoire et compagnie
Histoire de montrer qu’elles sont automatiques. Elles peuvent aussi faire « Wooosshhh... » ou « Haaaaaan... ».
Parle de manière saccadée ou sur un ton monocorde. Mais en tout cas parle beaucoup.
Et tout ce qu’elle fait. D’une voix électronique, monocorde et souvent féminisée naturellement.
Plus pratique pour repérer un requin malicieux qui vous prend pour cible ou sauver sa femme qui coule doucement au fond de l’océan, les poings liés et inconsciente.
Réalisation > Audio
Réalisation > Surprise !
- une musique stridente accompagne l’arrivée dans le champ d’une main qui se pose sur l’épaule du personnage que l’on suit, mais ce n’était que la main d’un ami.
- un discours d’un officiel mécontent laisse croire à une sanction terrible pour un personnage, jusqu’à l’annonce d’une remise de médaille annoncée avec un grand sourire.
Exemples :
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
- Un personnage étranger ponctue ses phrases, parfaitement construites d’un point de vue grammatical, de mots clés de sa langue d’origine (à titre d’exemple un mexicain peut prononcer sans fourcher acide acétylsalicylique mais semblera incapable de dire sir ou mister en VO, monsieur en VF, et se bornera à dire señor) ;
- Les personnages étrangers parlent entre eux en français pour ce qui est de la VF (mais avec un accent quand même)... Y compris dans les QG de l’armée allemande, dans les films qui se déroulent pendant la seconde guerre mondiale, par exemple ;
- C’est tout aussi crétin pour les extraterrestres dont la langue maternelle est l’anglais. Mais on ne poussera pas le vice jusqu’à cocher cette entrée pas plus qu’on ne la cochera pour les films historiques même si, pour rappel, on ne parlait pas anglais dans la Rome antique.
Applaudissements nourris après une action héroïque, la résolution positive d’un événement dramatique, etc.
Entrent dans cette catégorie deux trucs insupportables :
Scénario > Élément
Scénario > Ficelle scénaristique
Avec effets faciles, bouche bée filmée au ralenti, dénouage de cheveux filmé au ralenti, regard insistant, baisse d’attention, voire effets de scintillement, etc.
Scénario > Situation
Tu veux qu’on s’la donne ?! Tu veux qu’on s’la donne ?!
Thème > GI Joe
Thème > N’importe quoi
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
VO française ou doublage en VF
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73 ingrédients
de ce film
Bonus
Personnage > Agissement
-
À voix haute | Lit ou fait la lecture
-
Contre-intuitif | Lance une répartie comique incongrue dans un moment dramatique
-
Émotion | Regarde (avec tristesse/nostalgie) une photo de sa femme/son mari/sa fille/son fils
- Jette son flingue à la figure de son ennemi·e après avoir vidé le chargeur
-
Mort | Meurt dans les bras d’un autre personnage
-
Passion | Fait preuve de jalousie ou de rivalité masculine
-
Se regarde dans un miroir | Introspection, reprise en main (films à corriger)
-
Stylé | Balance une petite phrase avant de tuer une personne (ou après)
-
Tension | Échappe in extremis à un danger
-
Tension | Lutte avec le manche à balai de son avion, vaisseau, appareil
- Tension | Un personnage encourage à distance et à voix basse l’action d’un autre personnage
Personnage > Caractéristique
-
Blues | Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte
- Enfant ou ado tête à claques
- Le dernier/les derniers d’un peuple ou d’une tribu
-
Passion | Nul en drague
-
Super pouvoir | A un œil de lynx
Personnage > Citation
-
Exprime du soulagement | « Hourra ! » de quartier général
-
Rassure | « Il ne t’arrivera rien, je te le promets », « Ça va aller »
-
Réfrène | « Wo-wo-wo-wo-wo ! »
-
S’inquiète | « Oh mon dieu ! »
Personnage > Héros ou héroïne
Personnage > Interprétation
Personnage secondaire
Réalisation
-
Course-poursuite | Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins
-
Émotion | Suspendu·es à la télé/radio dans l’attente de nouvelles
-
Fin | Tout est bien qui finit bien
-
Grammaire | Plan du capitole, de la Maison blanche et autres sites officiels
-
Gros plan | Mains d’un couple qui s’enlacent dans un moment difficile
-
Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc.
- Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite
-
Plan | Réutilisation, dans les suites, de plans et de scènes du ou des volet(s) précédent(s)
- Technique | Champ/contre-champ qui permet à deux personnages séparés de plusieurs dizaines/centaines de mètres de se reconnaître/lire leurs expressions faciales
- Technique | Reflets de rétroviseurs hyper nets et hyper bien cadrés
- Titre | S’agrandit jusqu’à ce que les deux lettres centrales disparaissent de part et d’autre de l’écran
- Topo de mission de base militaire
-
Vue subjective | Jumelles... avec deux ronds bien dessinés
Réalisation > Accessoire et compagnie
-
Ambiance | Portes automatiques qui font « Pshiiiii... »
-
Intelligence artificielle de vaisseau/interface/voix de haut-parleur : commente tout/repète les consignes/diffuse un message informatif
-
N’importe quoi | Eau limpide comme de la Cristalline™
- Tension | Compte à rebours
Réalisation > Audio
-
Bruit exagéré | Bruit métallique injustifié
- Bruit incongru | Pouvoirs psychiques (télékinésie/télépathie etc.)
- Bruitage informatique qui pioupioute accompagnant l’incrustation d’un lieu ou d’une date
- Course-poursuite | Effet Doppler
Réalisation > Surprise !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Scénario > Contexte spatio-temporel
Scénario > Dialogue
Scénario > Élément
- Critique de la bureaucratie
- Faux suspense | Silence radio puis reprise de contact au moment où tout le monde commence à perdre espoir
- Impérialisme, néo-colonialisme ou propagande | Les Américain·es, c’est vraiment les plus fort·es
- Merci, Captain Obvious !
-
Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
-
Amour au premier regard
-
Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut
-
La chatte à Mireille
-
Le moteur redémarre juste avant que la menace atteigne sa cible
Scénario > Situation
Thème > GI Joe
- Accessoire | Menaces qui bipent sur un écran radar
- Action | Branle-bas de combat sur une base militaire
-
Agissement | Salut militaire
- Personnage | Militaire haut-gradé va-t-en guerre
Thème > N’importe quoi
Thème > Rejets, moqueries ou discriminations
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Ce film ne contient aucune mort
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