Glorious
Celui qui chuchotait dans le box d’à côté
Des choses gentilles à dire sur ce film
De la chanteuse folk qui a trouvé Jésus dans un motel au type visiblement secoué par une rupture amoureuse qui rencontre un ancien dieu dans les chiottes d’une aire de repos, il n’y a qu’un pas, franchi allégrement par Todd Rigney. Réalisé par Rebekah McKendry, Glorious est un petit huis-clos paranoïaque gentiment dingue d’inspiration lovecraftienne. En effet, le nom de ce dieu piégé dans des chiottes qui s’exprime par un glory hole d’une voix étrangement réconfortante s’appelle en effet Ghatanothoa, nom tiré de la nouvelle Out of the Aeons co-écrite par H. P. Lovecraft et Hazel Heald. Et comme l’original, son apparence horrible rendrait fou quiconque le verrait.
Entre hommage évident et désacralisation, entre sauvagerie fantastique et humour parfois potache, Glorious arrive à trouver le ton juste. Si la manière dont Ghatanothoa (J.K. Simmons), Ghat pour les intimes, apprend à Wes (Ryan Kwanten) la prononciation de son nom autant que l’idée du glory hole donnent par leur côté trivial un côté ridicule au dieu (et une petite pique malicieuse mais affectueuse au dieu Lovecraft et ses noms à se passer la langue au fer à friser), ses colères tonitruantes parviennent sans problème à faire reculer spectateurs et spectatrices dans leurs fauteuils. Le côté humoristique s’estompe habillement à mesure qu’on sent le personnage principal sombrer et se résigner à écouter la parole sortie du trou.
Le scénario est simple d’appréhension : t’es aux chiottes, le type du box d’à côté t’annonce qu’il est un dieu et qu’il a besoin de toi, qu’est-ce que tu fais ? Et tout se dévide de manière assez fluide (à l’exception de l’intervention d’un personnage extérieur qui finalement n’apporte pas grand chose à part de bonnes grosses éclaboussures) apportant son petit lot de réflexion et de surprises. Et son adaptation à l’écran est nickel : Rebekah McKendry fait preuve d’une belle gestion de l’espace et arrive par quelques effets de mise en scène plutôt fun à donner pas mal de pêche au récit ; le duo Ryan Kwanten et J.K. Simmons est impeccable, le premier dans son interprétation fiévreuse et quasi solitaire, le second dans sa voix dangereusement onctueuse.
De quoi contenter autant les amoureux de Lovecraft que les amateurs de huis clos.
Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...
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