Saga Ginger Snaps
Ginger snaps
Un désir de chair fraîcheDes choses gentilles à dire sur ce film
Ginger snaps c’est un peu bancal, déséquilibré, les bonnes idées sont parfois neutralisées par manque d’expérience ou par facilité ; et surtout, sur la fin, alors que le récit retombe sur des rails sillonnés mille fois, longs et inintéressants... Des faiblesses, cela dit, aussi impuissantes à éclipser les qualités de Ginger snaps qu’à le faire glisser dans un oubli prématuré.
D’abord parce que l’ambiance a quelque chose de marquant : tout dans cette bourgade résidentielle semble terne, le ciel, qui même dégagé, y semble bas, les pavillons tranquilles, les allées exposées aux vents, les rayons des magasins... tout y affiche un air de prison et même les attaques mystérieuses qui déciment les animaux de compagnie, n’alarmant que ceux qui sont touchés de près, ne semblent pas non plus être porteuses d’émotion. La menace fait partie du décor, l’indifférence quasi-totale des habitants aussi... Et c’est presque pire.
Le modèle familial proposée aux deux héroïnes considérées comme marginales, Brigitte et Ginger (Emily Perkins et Katharine Isabelle, très convaincantes au demeurant) est tout aussi anxiogène. Leurs parents (Mimi Rogers et John Bourgeois) tiennent chacun le rôle que la société leur a assigné (même si on les sent parfois gênés aux entournures) : le père est là sans être là et ne semble s’intéresser à rien, il sera même exclu de la nouvelle vie que projette la mère, une caricature de femme au foyer proprette et crispante, toute en bonne humeur et en servitude volontaire... qui placera finalement ses filles au-dessus de la morale. L’amour y est souvent pesant, d’autant plus lorsque les choses tournent à la bouffonnerie, mention spéciale au beau gâteau de dessin animé réalisé pour célébrer l’arrivée des premières règles de Ginger.
Parce que le sel du film est là. La figure du loup-garou, puisque c’est un loup-garou qui croque du caniche dans le voisinage et surtout qui convertira Ginger à coup de griffes, est associée à la puberté. Le rapport entre changement naturel et mutation surnaturelle n’est pas inédit et n’est pas non plus dressé systématiquement de manière très subtile mais il permet une approche socialement et narrativement intéressante. La scène avec l’infirmière scolaire est plutôt marrante tout en soulignant, là encore, une forme d’incompréhension entre les filles et le monde qui les entoure. Quant à la transmission de la malédiction, qui se fait autant par griffure/morsure que par parties de jambes en l’air, elle donne lieu à une inversion des rôles ou un parallèle curieux : Jason (Jesse Moss), devenu le petit ami de Ginger après que celle-ci ait vu son appétit pour la chair fraîche décuplé après sa rencontre avec un loup-garou, se transforme à son tour après que tous deux aient couché ensemble ; et sa mutation de débuter par la découverte de tâches rouges gênantes sur un pantalon clair et une perte de sang inhabituelle...
Petit bonus, les effets visuels sont tout aussi hasardeux et fluctuant que la réalisation ; allant du plutôt bon au caoutchouteux rigide, ils présentent l’intérêt d’avoir été réalisé en physique à une époque où tout le monde s’engouffrait avec frénésie dans le numérique.
Ginger snaps n’est pas un grand film, mais ça reste un film très sympathique, bourré de maladresses mais bourré aussi d’humanité et de personnalité.
Arf... Ce film n'est pas assez riche en ingrédients pour jouer dans de bonnes conditions avec une grille de 36 cases...
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